Chronique de Sylvain Cazard, Vice-Président VMware France
A l’ère du numérique les entreprises deviennent des « software companies ». Innovation rime avec applications. Derrière les nouveaux usages ce sont les méthodes de développement et les moyens de production qui opérent leur transformation. Les plateformes de gestion du cloud doivent étendre leur rôle pour leur faciliter la tâche.
Savoir faire preuve d’innovation et d’agilité. C’est incontournable pour durer dans une économie qui s’adosse au numérique. Cela se traduit par de nouveaux services, de nouveaux usages et de nouveaux business modèles dont l’existence repose sur des applications et des algorithmes. Il suffit d’analyser le succès de sociétés telles que Google, Amazon, Facebook et Uber pour comprendre l’aspect stratégique des algorithmes qui interviennent dans la personnalisation des publicités, les systèmes recommandation de produits, la modification dynamique des prix et l’optimisation des trajets routiers. Pour innover toutes les entreprises, en plus de leurs applications traditionnelles, sont amenées à développer de plus en plus d’applications et se métamorphosent progressivement en sociétés éditrices de logiciels. Notre économie, notre environnement se déclinent en code informatique qui donne aux développeurs un pouvoir considérable. On leur confie le soin de traduire la stratégie de l’entreprise en code. Le juriste américain Lawrence Lessig avait d’ailleurs publié dès 2000 un article intitulé « le code fait la loi » ( The code Law ). On en saisit aujourd’hui la portée avec toutes les questions qui se posent sur la cybersécurité et la protection de la vie privée des utilisateurs.
Le cloud a donné un souffle de liberté aux développeurs d’applications. En 2020, ce seront près de 1000 milliards d’applications qui feront fonctionner l’économie moderne. Certaines études montrent que ce qui distingue une entreprise performante des autres est sa facilité à déployer de nombreuses applications, ou à réaliser des modifications, dans une même journée alors que les autres se limitent à une par semaine ou par mois (source 2017 State of DevOps Report/What Every CIO Should Know). On ne cesse de parler de transformation numérique en évoquant les nouveaux usages mais on néglige de souligner les profonds changements qu’ils imposent tant aux méthodes de développement qu’aux moyens de production. Très rapidement les développeurs ont vu dans le cloud l’opportunité de disposer facilement et rapidement de ressources informatiques adaptées à chaque étape du cycle de vie d’une application. Rançon du succès, certains ont quelques fois confondus libre-service et « open bar » en allant puiser inconsidérément dans le cloud public les ressources sans prendre conscience de l’impact en termes de coût et de complexité lorsqu’il s’agira de rapatrier les applications développées dans le cloud public vers le datacenter privé. Le contrôle et le suivi de l’utilisation des ressources informatiques dans un contexte de cloud hybride a nécessité l’extension des plateformes de gestion de cloud élaborées pour cloud privé au cloud public (CMP Cloud Management Platform), permettant ainsi l’automatisation des opérations IT et améliorant significativement l’agilité de l’entreprise. Et pourtant, on doit aller encore plus loin.
La gestion du cloud doit élargir son champ d’action. Tout va très vite aujourd’hui et tout doit se faire de manière transparente pour l’utilisateur. Plus facile à dire qu’à faire. De l’écriture du code à la mise en service de l’application, il existe de nombreuses étapes à réaliser qui impliquent deux organisations, le Développement et les Operations, chacune ayant des objectifs qui pendant longtemps s’opposaient. Le développement souhaitait innover rapidement quand les opérations cherchaient à stabiliser la situation pour garantir la qualité du service. Nous sommes face à deux organisations qui gèrent chacune énormément de changements (code d’un côté, configuration d’équipements de l’autre). Pour que cela fonctionne efficacement il a fallu, comme dans beaucoup de domaines, passer outre ses silos organisationnels. C’est ce qui explique l’engouement autour de « DevOps » (la contraction des mots Developpement et Opérations) qui propose des pratiques, des outils et des méthodes pour fluidifier les tâches entre ces deux organisations. Derrière ce terme barbare, souvent jugé technique, ce sont les fondations de l’agilité de l’entreprise dont il s’agit. A chaque étape du processus de développement correspond un ou plusieurs outils DevOps. Malgré tout, de nombreuses tâches restent manuelles et nuisent à l’efficacité. Les pièces du puzzle sont là, reste à les assembler pour que l’ensemble prenne forme tout en respectant les contraintes de sécurité et de compliance. C’est ici que le rôle d’une plateforme de gestion de cloud (CMP) est déterminant. Elle doit étendre son rôle sur l’ensemble du cycle de vie de l’application en automatisant et en orchestrant l’ensemble des tâches qui concernent aussi bien le code que l’infrastructure IT. La société amdocs a adopté cette démarche et est ainsi capable de mettre à disposition de ses développeurs, en quelques instants, un environnement complet en utilisant la plateforme de gestion de cloud de VMware (voir la vidéo).
S’adapter à l’économie numérique impose des changements profonds que l’organisation doit refléter. Cela ne consiste pas seulement à créer de nouvelles fonctions comme un CDO (Chief Digital Officer) ou à revoir les organigrammes. Les organisations doivent tenir compte de l’évolution des méthodes, des outils et des processus. C’est à ce prix que les entreprises pourront continuer à innover.
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